Chants de la tradition séfarade judéo-espagnole et approche des répertoires associés #2
27 février au 2 mars 2025
CONTEXTE
Les chants séfarades, s’ils trouvent leur origine dans l’Espagne médiévale, ont largement été influencés, nourris, par l’univers musical et poétique des terres d’accueil et d’exil des communautés juives chassées de la Péninsule Ibérique à la fin du 15e siècle. C’est la raison pour laquelle l’approche des traditions musicales voisines du répertoire séfarade stricto sensu est nécessaire à l’étude du répertoire lui-même.
Sachant que les deux grandes aires géographiques où s’est développé le répertoire judéo-espagnol sont le sud de la Méditerranée occidentale d’une part, (Nord du Maroc, essentiellement) et la Méditerranée Orientale et les Balkans d’autre part (notamment les villes de l’empire Ottoman telles que Salonique, Istanbul, Izmir, Edirne, Sarajevo…), nous avons à cœur, en invitant régulièrement des musiciens et musicologues spécialistes des répertoires de ces deux aires, d’enrichir la pratique des élèves du Cursus et d’élargir les ponts entre ces répertoires voisins, en permettant également à d’autres personnes, (qui peuvent par exemple être inscrites à d’autres cursus), de les rejoindre le temps d’une Master-class.
Cette Masterclass permettra donc de développer sa familiarité avec le monde poétique et musical judéo-espagnol dans sa diversité, et d’approcher les différentes techniques d’ornementation vocale (voire instrumentale) rencontrées dans la sphère arabo-andalouse, ottomane, balkanique, que l’on pourra retrouver dans certains chants judéo-espagnols.
DEMARCHE
Rachid Brahim-Djelloul (avec qui Sandra travaille depuis plus de 20 ans) est violoniste, chanteur et musicologue.
Il a créé en 2005 au Conservatoire Edgar Varese de Gennevilliers (92) la classe de violon traditionnel, puis, en 2015, le département des musiques orientales et méditerranéennes, qu’il dirige toujours, ainsi que le Chœur Méditerranée.
Il sera présent les 1er et 2 mars, ces deux jours étant plus spécifiquement consacrés à sa proposition spécifique d’approche de l’ornementation dans le répertoire qui nous intéresse.
A travers un choix de chants permettant d’aborder les différentes branches du répertoire et leurs spécificités, il s’agira d’intégrer ce travail spécifique, au cœur de cette tradition musicale.
Ce travail sera engagé au travers des chants séfarades abordés au cours des deux premiers jours, et facilitera également l’accès naturel à l’improvisation modale.
On alternera durant ces quatre jours temps d’apprentissage collectif et temps d’interprétation individuelle.
L’atelier se déroulant essentiellement de façon orale, il ne nécessite pas de connaissance en lecture musicale. Cependant les partitions correspondant aux chants étudiés seront distribuées autant que possible.
Un temps pourra être consacré à l’écoute et l’analyse comparative de diverses interprétations de chants à partir d’extraits sonores.
On pourra apporter son matériel d’enregistrement, notamment pour s’approprier les chants proposés d’un jour à l’autre.
CONTENU
- Préparation corporelle et prise de conscience des éventuels points de blocage, ancrage et fluidité gestuelle.
- Echauffement vocal : travail sur la souplesse et l’agilité, l’ornementation et les mélismes, en fonction des chants abordés et dans le respect des modes.
- Travail rythmique : intégration des rythmes les plus fréquemment rencontrés et pratique de base de la percussion digitale pour accompagner le chant.
- Disponibilité, intériorisation, écoute et répétition de phrases musicales permettant de s’imprégner de l’éthos d’un mode.
- Travail spécifique autour de l’art de l’ornementation, à partir de quelques chants judéo-espagnols des différents rameaux constitutifs du répertoire : romances issues de la tradition médiévale espagnole, kantigas. coplas.
- Précisions autour du contexte historique et culturel, apports théoriques, travail sur la langue et l’interprétation : la prosodie, la prononciation, les mots que l’on souhaite mettre en avant en fonction de leur sens et de l’émotion que l’on transmet.
CONDITIONS DE PARTICIPATION
- Bonne pratique du chant et intérêt pour le répertoire abordé dans sa diversité (pas de connaissance théorique nécessaire).
- Ouvert aux amateurs et professionnels, lecteurs ou non-lecteurs de partitions.
- Une familiarité, même limitée, avec la langue judéo-espagnole (ou l’espagnol) permettra un gain de temps et davantage d’aisance.
- Des percussions (tambour sur cadre type daf) peuvent être prêtés par l’institut, mais on peut venir avec son propre instrument !
- Les instrumentistes sont également bienvenus, s’ils souhaitent s’accompagner et/ou interpréter les intermèdes instrumentaux des chants abordés.
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BIOGRAPHIE
Née tunisienne, Sandra Bessis vit successivement dans son pays natal et divers pays avant de s’installer en France, où elle habite depuis l’âge de 18 ans.
Parallèlement à ses études universitaires littéraires, elle étudie le chant, avec Suzy Sachs d’abord, Françoise Semellaz plus tard.
Depuis plusieurs décennies, elle parcourt le territoire des chants séfarades et des musiques de la Méditerranée, se produisant sur de nombreuses scènes et festivals, tant en France qu’à l’étranger, travaillant également à diverses créations en compagnie d’autres artistes, sur le thème de la rencontre entre les traditions musicales du bassin Méditerranéen.
Son premier CD, d’une lointaine Espagne, paraît en 1992. Avec le flûtiste John Mac Lean, elle se promène dans le répertoire des chants judéo-espagnols en laissant libre cours à la créativité et à la fantaisie, jouant sur les timbres et les instruments.
Son quatrième CD, Entre deux rives, fruit d’un enregistrement « live » à la Synagogue de Carpentras, avec Rachid Brahim-Djelloul et Anello Capuano, sorti en 2005, opère une sorte de retour aux sources, croisant chants séfarades et autres chants de la Méditerranée, arabo-andalous notamment.
En 2006, elle crée à Paris, avec Rachid Brahim-Djelloul et Noureddine Aliane, un spectacle mêlant bribes de contes, Bouqalat, poésies populaires des femmes d’Alger, fragments d’histoires, d’Histoire, venant ponctuer romances, kantigas et mouwachahat.
Déambulation jouant sur les registres parlé, chanté, joué, parcourant à nouveau les chemins de la transmission, d’une rive à l’autre de la Méditerranée.
Avec l’ensemble Naguila, elle participe au voyage de Sefarad, spectacle créé à Montpellier en décembre 2009.
De 2010 à 2013 elle est une des deux chanteuses invitées à la dernière création de Bratsch, Orient mon Amour, mélodies et poèmes des rivages méditerranéens. Le spectacle, qui réunit 17 musiciens autour du poète Salah el Hamdani, est accueilli entre 2010 et 2013 par de nombreuses scènes nationales françaises.
Habitée par le goût des mots, du dévoilement de la parole intime, elle co-crée en 2013 au Théâtre de l’Epée de Bois, à la Cartoucherie de Vincennes, avec Mireille Diaz-Florian et l’accordéoniste Jasko Ramic, la lecture en musique : Toute chose au monde m’est nouvelle, textes et poèmes d’Aimé Césaire, Mahmoud Darwich, Saint John Perse, Anna Seghers, Sophie Bessis, Nancy Huston et Leïla Sebbar, et signe un peu plus tard un spectacle solo entre paroles et musiques, mettant en scène, en voix, une femme laissant remonter en elle traces, ombres et parfums du Mare Nostrum, échos et romances des exilés, et quelques figures de femmes. Depuis 2015, ce spectacle, jouant sur l’intimité avec le public, a été accueilli plus d’une quarantaine de fois en France, en Italie.
Cordoue 21 – Sur les traces de Sefarad, sorti en 2014, est son cinquième CD consacré à ces répertoires.
Elle y réunit autour d’elle Rachid Brahim-Djelloul au violon et à la voix, Noureddine Aliane au ‘oud, au mandole, Jasko Ramic à l’accordéon, Yousef Zayed aux percussions et au bouzouk, Théo Girard à la contrebasse et Araik Bakhtikian au doudouk, pour un nouveau voyage musical, libre déambulation en mer Méditerranée, se jouant des langues et de leurs identités respectives.
En décembre 2022, toujours à la Cartoucherie, avec la comédienne Fatima Soualhia Manet et le musicien Marius Pibarot, elle met en espace Ce que leur disent les anges, lecture musicale qu’elle a conçue en faisant se rencontrer les textes d’Annemarie Schwartzenbach, écrivaine-voyageuse prématurément disparue en 1944, et la chanteuse-poète Patti Smith.
Ses concerts sont une invitation au voyage dans l’univers musical puisant aux sources de l’Andalousie médiévale, puis continuant de cheminer dans les Orients qui héritèrent de sa décomposition, tel qu’il résonne pour nous, ici et maintenant.
“Voix ample, déclamation frissonnante, Sandra Bessis porte, en lointain héritage, le chant judéo-espagnol de l’Andalousie musulmane… Son chant embrasse en fait toute la Méditerranée, parce qu’il est nomade et ornementé”. Libération